Le décor urbain de la ville de Rome

La politique urbaine à Rome

L'architecture romaine, éléments et influences
L'action édilitaire des empereurs
Le décor urbain de la ville
Les organes urbains dans la ville
L'eau dans la ville
La sécurité
La préfecture de l'annone

Le décor urbain de la ville de Rome (d'après Léon Homo)

Sous l'Empire, l'Urbs proprement dite couvre 1 800 ha, la «commune» de Rome près de 25 000 ha, la population atteint 1 200 000 habitants; il y a :

I- Les édifices publics

L'organisation du service des édifices publics à Rome sous l'Empire repose sur la distinction fondamentale entre le service des constructions neuves et le service d'entretien des constructions existantes, une idée qui apparaît avec la création du pouvoir impérial.

A/ Le service des constructions neuves

Ce service n'a jamais reçu une constitution ni complète ni permanente. En règle générale, à Rome aussi bien qu'en Italie ou que dans les provinces, les constructions neuves ne relèvent que de l'empereur. Interdiction est faite aux magistrats et fonctionnaires d'inscrire leur nom sur un nouvel édifice au lieu du nom de l'empereur. Ce monopole ne s'étend pas au droit de réparation. Cependant, le monopole impérial en matière de constructions neuves s'est affirmé en fait avant de se traduire en principe.

Dès le principat d'Auguste, l'empereur a en fait l'initiative des constructions à entreprendre. Il consulte le Sénat s'il le veut, mais dans la pratique il n'est nullement tenu de le faire. La direction de la construction, en cas de construction neuve, est confiée à un commissaire impérial, un personnage d'ordre équestre ou un affranchi, qui dirige le travail en tant que procurateur. Le nom de ces procurateurs ne figure pas sur les édifices édifiés par eux.

Il n'y a donc pas, pour les constructions neuves, de corps de fonctionnaires impériaux fixe et spécialisé, et des fonctionnaires extraordinaires sont nommés pour chaque cas précis.

B/ Le service d'entretien

Le service d'entretien des édifices publics, depuis l'avènement du pouvoir personnel, relève de la Cura operum tuendorum (curatelle d'entretien des édifices), commission exécutive composée de deux membres recrutés dans l'ordre sénatorial et le plus souvent parmi les consulaires. L'un des curateurs est chargé de bâtiments publics (curator operum publicorum), l'autre des édifices religieux (curator aedium sacrarum).

Le système, créé par Auguste, se maintient pendant tout le premier siècle après J.-C., mais peu à peu, conformément à l'évolution générale qui se vérifie dans tous les services urbains, le personnel impérial fait son apparition. De bonne heure les mensores, architectes employés par l'empereur dans le service, forment une corporation particulière payée sans doute par le fisc impérial sans intervention des curateurs sénatoriaux. Sous Trajan, on trouve des affranchis impériaux employés dans les bureaux du service. Cette tendance s'accentue à la fin du IIeme siècle, avec la création d'un procurateur des édifices publics. C'est un fonctionnaire de l'ordre équestre, ordre dont il suit la carrière régulière.

Outre la création de ce procurateur des édifices publics, l'intervention graduelle de l'empereur dans le service des travaux publics se traduit par la nomination de procurateurs spéciaux affectés à l'entretien d'édifices considérables déjà construits (Temple de Castor, colonne de Marc-Aurèle, Mausolée d'Auguste, Thermes de Caracalla...). Le service d'entretien des monuments publics ne connaît pas, même pour la période du Bas-Empire, un monopole impérial tel qu'il en existe pour les constructions neuves.

Le service comprend pour le maniement des fonds une section financière. Le maniement supérieur des fonds était aux mains des rationales, placés à la tête du Fiscus, qui avaient pour charge de les assigner. Outre les subventions du Fiscus Impérial, une partie des fonds destinés au service provenait du patrimonium. Les fonds étaient versés au procurateur des édifices publics qui en avait le maniement. Par contre, la vente des terrains et des bâtiments fiscaux s'opéraient par les soins des employés du Fiscus.

Les curateurs et le procurateur commandent à tout un personnel subalterne. Le procurateur a un adjoint qui est un affranchi impérial. Le service des édifices publics comptait enfin un nombreux personnel d'employés ou de gardiens, affranchis ou esclaves, attachés aux édifices publics (temples, thermes) ou aux villas impériales de la capitale.

C/ Les matériaux

La plupart des matériaux employés dans la ville de Rome, tant pour les constructions neuves que pour le service d'entretien, proviennent des mines et carrières qui, par confiscation, héritage ou achat, sont devenus propriété impériale. L'empereur les soumet tout d'abord au régime de la ferme, contrôlé par un personnel impérial, système auquel se substituera progressivement celui de l'exploitation directe.

D'autres produits des mines arrivent aussi par mer à Ostie et à Porto. Ils peuvent y être temporairement déposés dans des magasins, ou après transbordement, remonter directement jusqu'à Rome par le Tibre. Le débarquement se fait généralement à l'Emporium, dans la plaine subaventine.

À leur arrivée à Rome, les matériaux sont pris en charge par le service des marbres : l'entrepôt des marbres est un service impérial avec à sa tête depuis le IIeme siècle après J.-C. un procurateur (un affranchi). Le service de la Statio Marmorum se trouvait à l'Emporium et comprenait un certain nombre de sections spécialisées, selon la provenance des marbres.

Après avoir reçu et entreposé les marbres, la Statio Marmorum le faisait parvenir au service des édifices compétent. Les blocs ainsi livrés étaient alors dégrossis et taillés. Les ateliers de taille se trouvaient surtout au Champ de Mars.

II- La voirie

A/ Le service de la voirie

1) Nettoyage et pavage

Le service de la voirie sous la République dépendait des censeurs pour les installations neuves, des édiles et de leurs subordonnés pour les travaux d'entretien. Sous l'Empire, après la disparition de la censure traditionnelle, ce service se caractérise par deux traits fondamentaux :

  1. Il reste essentiellement lié à l'édilité;

  2. Il ne constituera jamais un service autonome, même lorsqu'il se détache de l'édilité pour passer sous la direction impériale.

La loi Julia Municipalis de 45 avant J.-C. définit les fonctions des édiles et de leurs subordonnés, les IV viri viis in urbe purgandis, en matière de voirie : balayer, nettoyer, paver et réparer les rues.

Au titre du nettoyage, les édiles doivent veiller à l'enlèvement des déchets et débris variés (déchets de cuisine, des marchés, déposés comme aujourd'hui sur le sol des rues, des places et des édifices publics). L'enlèvement se fait par chariots, qui entrent pendant la nuit dans la ville. Il peut se produire des circonstances exceptionnelles où, en raison de la masse inusitée des détritus à emporter, le service des chariots à ordures ne suffisent plus; ce fut le cas en 64 lors du grand incendie qui dévasta la ville; on eut alors recours à des bateaux qui évacuaient les débris vers le littoral.

L'eau qui ruisselle dans les rues, soit à la suite des pluies, soit par projection venues des immeubles, s'écoule par les égouts qui se jettent dans le Tibre. Pour remplir cet office, ceux-ci s'ouvrent sur les rues par une série de bouches ou regards. Le système n'est pas sans inconvénients : lors des crues du Tibre, les eaux refluent par les bouches et viennent inonder les rues, provoquant des dégâts plus ou moins considérables.

Au titre du pavage, les édiles doivent faire paver les voies publiques et surtout, le pavage s'étant généralisé à Rome au début de l'Empire, entretenir le pavage des rues en bon état.


Figure 1 : Les empereurs et l'entretien des édifices publics

Empereur

Règne

Action

César

45 avant J.-C.

La loi Julia Municipalis définit les fonctions des édiles en matière de voirie (nettoyage, pavage). La circulation des véhicules est interdite dans Rome du lever au coucher du soleil, à l'exception des véhicules transportant des matériaux pour la construction d'édifices de l'État, des chars lors des cérémonies et des chariots à ordures.

Agrippa

33 avant J.-C.

Il fait construire le pont Agrippa.

Auguste

27 avant J.-C.-14 après J.-C.

Mise en place de la Cura operum tuendorum, service d'entretien des édifices publics. Cette commission exécutive est composée de deux membres recrutés dans l'ordre sénatorial, le plus souvent parmi les consulaires. L'un d'entre eux est chargé des édifices publics (curator operum publicum), l'autre des édifices religieux (curator aedium sacrarum).

En 7 avant J.-C., il annexe les faubourgs («zone des mille pas») et crée la Ville aux XIV Régions.

Claude

41-54

Les dépenses du service de la voirie (édiles) passe de l'aerarium au Fiscus impérial.

Néron

54-68

Construction du pont Néron.

Trajan

98-117

Sous son principat, on trouve des affranchis impériaux employés dans la Cura operum tuendorum, au départ purement sénatoriale. De plus en plus de mensores (architectes impériaux) sont employés, et forment une corporation particulière qui ne dépend pas des curateurs sénatoriaux.

Commode

180-192

À la fin du IIeme siècle est créé un procurateur des édifices publics, fonctionnaire de l'ordre équestre dont il suit la carrière régulière.

Septime Sévère

193-211

Depuis son principat, la surveillance de l'entretien des routes italiennes semble être assurée par le préfet du prétoire, dont dépendent donc les curateurs des routes italiennes.

Sévère Alexandre

222-235

Il crée les curateurs régionaux consulaires, placés sous la direction du préfet de la Ville, et chargés de surveiller les régions de Rome. Ils remplacent les magistrats chefs de régions (préteurs, tribuns, édiles) créés par Auguste.

Peu après sa mort, vers 240, l'édilité disparaît. Ce sont les curateurs régionaux consulaires qui héritent de leurs fonctions. Le service de la voirie passe donc au préfet de la Ville.


2) Évolution du service

L'édilité se maintint jusque sous le principat de Sévère Alexandre et disparut peu après sa mort; liés à l'édilité, les IV viri viis in urbe purgandis durent disparaître en même temps qu'elle. Mais bien antérieurement à cette date, le service de voirie a progressivement échappé à ces deux magistratures pour passer, par l'intermédiaire des fonctionnaires impériaux, aux mains de l'empereur. Deux raisons fondamentales viennent expliquer cette évolution :

Dès lors, l'intervention impériale en matière de voirie va s'affirmer de plus en plus. Elle se manifeste tout d'abord prudemment, et de façon exceptionnelle, par la nomination de fonctionnaires extraordinaires. Ce n'est qu'à la fin du IIeme siècle après J.-C. que l'on rencontre le premier procurateur équestre permanent des rues de la ville. La fonction est dès lors régulière.

Elle ne supprime d'ailleurs pas l'édilité. Magistrature et procuratelle coexistent pendant près d'un demi-siècle, se partageant les charges, les dépenses étant pareillement partagées entre le Fiscus et l'aerarium.

Vers 240 après J.-C., l'édilité disparaît. Les textes ne disent pas avec précision qui hérite de leurs attributions, mais ce furent probablement les curateurs régionaux consulaires, placés sous la direction du préfet de la Ville et créés par Sévère Alexandre pour la surveillance des régions de Rome, en remplacement des magistrats chefs de régions (préteurs, tribuns, édiles) institués par Auguste. Dès cette époque, les services de la voirie urbaine (nettoyage et pavage) passent au préfet de la Ville qui les conservera jusqu'à la fin de l'Empire.

B/ Les voies de circulation

1) Les routes

La zone des mille pas qui représentait, sous la République, la banlieue immédiate de Rome, disparaît en grande partie lors de l'annexion des faubourgs par Auguste et la création de la Ville aux XIV Régions (7 avant J.-C.). Sous l'Empire elle fait place à une notion nouvelle, celle des faubourgs réellement bâtis, les continentia. La compétence des curateurs des routes italiennes s'applique désormais à ces derniers.

Le service des routes italiennes, à l'époque impériale, comporte deux séries de routes, les unes, plus importantes, sous des curateurs sénatoriaux, les autres, secondaires ou considérées comme telles, sous des curateurs équestres. Le curateur des routes doit tenir en bon état la route dont il a la charge. Il en donne l'entretien à l'adjudication et en surveille l'exécution. Si les routes sont mal entretenues, le curateur des routes en est responsable, même pécuniairement. Outre l'entretien, le curateur autorise de nouveaux travaux sur le sol appartenant à la voie publique. Si des travaux ont été engagés sans sa permission, il les fait supprimer.

Le curateur des voies italiennes, comme ses collègues des grands services urbains, dispose d'un personnel subalterne spécialisé, notamment des caissiers, des affranchis impériaux, chargés du maniement des fonds. Enfin, il possède une juridiction dans les limites de sa compétence.

Comme pour les autres services urbains, le service des routes italiennes passe progressivement de la compétence du Sénat à celle de l'empereur, mais cela se fait beaucoup plus lentement. Contrairement aux eaux, aux édifices publics, à l'annone, au Tibre, les routes italiennes ne passent pas sout la direction effective de hauts fonctionnaires impériaux. Mais depuis Septime Sévère, cette surveillance semble exercée par le préfet du prétoire.

2) Les rues

Le centre de Rome est formé par la dépression du Forum où se croisent les deux grandes artères, la Voie Sacrée (direction nord-ouest/sud-est) et d'autre part le Vicus Tuscus et l'Argiletum (direction sud-ouest/nord-est). De cette dépression centrale les voies principales se dirigent en éventail vers le dehors, en empruntant en général les dépressions qui séparent les diverses collines du sol romain. Les principales de ces voies, en partant du Tibre et de l'ouest à l'est, sont :

L'ensemble des rues de la Rome impériale portaient le nom de vici, à l'exception de quelques unes s'appelant viae. Ce mot s'appliquait essentiellement aux grandes voies du dehors, et n'étaient pas, de façon générale, un terme de nomenclature urbaine. Les boulevards et avenues, exceptionnels et tard venus, étaient désignés sous le même nom de viae. Les véritables grandes rues sont les vici.

Les montées étaient les clivi quand elles étaient accessibles aux voitures, et les scalae ou escaliers quand elles étaient réservées aux piétons. Les quais n'existaient pas, les quartiers bâtis venant se terminer en bordure même du lit du Tibre. Les bords du Tibre étaient fait d'entrepôts avec des cours, des quais de débarquement et des bassins intérieurs, des rues parallèles au Tibre mais bordées de constructions sur les deux côtés, des rues perpendiculaires au fleuve menant aux escaliers de débarquement.

Le vicus était la rue principale et souvent la seule du quartier; une série de passages ou d'impasses s'embranchaient sur lui. Les passages et les impasses s'appelaient d'un terme unique, les angiportus, et débouchaient sur un sanctuaire, une maison isolée ou un mur.

Toutes ces rues étaient dans l'ensemble étroites et tortueuses. Les rues les plus larges faisaient 6 ou 7 mètres, exceptionnellement 8. Un grand nombre ne dépassaient pas 5 mètres de large. Dans l'ensemble, ces rues sont pavées, mais seules les plus larges ont des trottoirs. La charte de la circulation des voitures est donnée par la loi Julia Municipalis : la circulation des véhicules est interdite dans Rome du lever au coucher du soleil, à l'exception des voitures transportant des matériaux pour la construction d'édifices de l'État, de chars lors des cérémonies et des chariots à ordures.

3) Les places

Il y a quatre sortes de places dans la Rome impériale :

4) Les ponts

Le Tibre traverse Rome sur neuf kilomètres. La République lègue à l'Empire quatre ponts (Sublicius, Aemilius, Fabricius et Cestius), ces deux derniers de part et d'autre de l'île. L'Empire, outre les réparations apportées aux anciens, en ajouta cinq autres : les ponts d'Agrippa, de Néron, Aelius, Aurelius et Probus. Il existait en outre, dans les intervalles, un certain nombre de passages, assurés par des services de barques et destinés surtout au transport des matériaux pesants.

III- Les lieux de promenade

A/ Les jardins

Le centre de la ville est très pauvre en jardins, les principaux étant les Horti Agrippae Jardins d'Agrippa et le Campus Agrippae sur le Champ de Mars; cependant, dans un rayon plus large, la ville est entourée d'une riche ceinture de jardins et de parcs. Cet ensemble comprend essentiellement trois groupes :

La plupart de ces jardins, notamment la ceinture des parcs, passent progressivement, pendant les deux premiers siècles de l'Empire, aux mains des empereurs : partie intégrante du domaine impérial, ils sont propriétés de l'empereur qui y réside souvent, et comme tels, sauf faveur exceptionnelle, réservés à des privilégiés, fermés au public. Au IVeme siècle, du fait que l'empereur ne réside plus à Rome, les jardins impériaux deviennent accessibles au public.

Sous le Haut-Empire, les seules promenades restantes sont les jardins du domaine public proprement dit. À note connaissance, la Rome impériale n'en a que quatre :

  1. les Jardins de César, dans la région transtibérine. Ils étaient très vastes, au moins 1 500 m à 2 km de longueur sur 500 m ou davantage de large. Décorés avec un grand luxe, ils contenaient des constructions variées, deux temples (un temple de la Fortune qu'on faisait remonter au temps de Servius Tullius et un temple du Soleil palmyrénien), des portiques, des salles pavées de marbre, d'albâtre et de mosaïques, des châteaux d'eau, des statues et oeuvres d'art de toute espèce.

  2. Les Jardins d'Agrippa, entre la Via Lata et les Thermes d'Agrippa, décorées de nombreuses oeuvres d'art, contenaient un canal, l'Euripe, alimenté par les eaux de l'Aqua Virgo, et un lac, le Stagnum Agrippae, sur lequel Néron donna des fêtes nautiques.

  3. le Campus Agrippae, entre le Portique Vipsania et les premières pentes du Quirinal, avait été aménagé en promenade ornée de pelouses, bordées sans doute de buis et de plantations, notamment des lauriers.

  4. Les jardins qui entouraient le Mausolée d'Auguste, au Champ de Mars.

Domaine du peuple, les jardins de César étaient très certainement ouverts au public. Le fait est directement attesté pour les Jardins d'Agrippa.

Ces quatre jardins étaient les seuls à jouer le rôle de promenade publique à Rome; cependant, l'éloignement des deux premiers fait que les jardins du Champ de Mars deviennent rapidement un des lieux de rendez-vous préférés de la société romaine.

B/ Le Forum


Figure 2 : Les forums et leur rôle

Forum Romain

Tribunaux civils et militaires. La Basiique Julia est le siège des tribunaux des centumvirs (problèmes de succession et de propriété).

Commerce de luxe (changeurs des Basiliques Julia et Aemilia, joalliers du Portique Margaritaria, banquiers de la Voie Sacrée).

Forum d'Auguste

Fonction judiciaire : le Temple de Mars est destiné au jugement des affaires criminelles et à la désignation des juges par la voie du sort.

Centre littéraire

Forum de Trajan

Fonction judiciaire de la Basilique Ulpia.

Centre littéraire


Avec ses deux annexes du Comitium et de la Voie Sacrée, le Forum Romain est toujours le centre de Rome, au double point de vue des affaires et du loisir. Le commerce de luxe s'y est installé, avec les changeurs des Basiliques Julia et Aemilia, les joalliers du Portique Margaritaria et les banquiers de la Voie Sacrée. Ce commerce attire et retient dans la région toute une clientèle aristocratique, à laquelle se joignent les spéculateurs et les usuriers. Le Forum connaît aussi la clientèle des tribunaux civils et militaires, avec tout le personnel qui s'y rapporte.

Avec l'Empire, il se crée au Forum une série de nouveaux centres d'attraction. C'est au Forum même la Basilique Julia, destinée, dans la pensée de Jules César, à un rôle essentiellement judiciaire : c'est le siège des tribunaux des centumvirs (tribunaux permanents qui ont compétence pour les problèmes de succession et de propriété).

Les Forums impériaux, annexes et prolongements du vieux Forum Républicain, jouent un rôle judiciaire analogue. Avant même que le Temple de Mars soit terminé, Forum d'Auguste Auguste annonce que ce lieu sera destiné au jugement des affaires criminelles et à la désignation des juges par la voie du sort. Il en sera de même ensuite pour la Basilique Ulpia du Forum de Trajan. Cependant, ces bâtiments accueillent aussi les oisifs qui y trouvent des refuges contre la chaleur ou la pluie.

Le marché monumental de Trajan, construit sur le revers du Quirinal, constitue désormais pour le commerce de luxe un centre économique qui supplante rapidement celui du Vieux Forum et de la Voie Sacrée. Le Forum de Trajan est enfin, tout comme le Forum d'Auguste, un centre littéraire où se groupent, accompagnés de leurs disciples, philosophes, rhéteurs, poètes ou grammairiens.

C/ Les portiques

Avec les thermes, les portiques sont les promenades favorites des Romains. À l'origine, les portiques sont des passages couverts doublant la voie publique et servant à la circulation des piétons. Si le modèle en existe déjà sous la République, c'est sous l'Empire que le portique comme monument architectural indépendant prend son essor. Ils ont en général une forme rectangulaire, fermée par une ou plusieurs rangées d'arcades; dans la partie centrale étaient disposés des jardins avec cascades, des statues et souvent des temples. Souvent aussi ils contenaient des bibliothèques et, par les oeuvres d'art qui y étaient exposées, jouaient le rôle de véritables musées.

À l'exception du Portique de Livie, construit sur l'Esquilin, tous les portiques construits sous Auguste le seront sur le Champ de Mars. Parmi les portiques existants, il faut mentionner :

Les portiques, avec leur double promenade à l'air libre dans les jardins, couverte sous les arcades, présentaient au promeneur un abri à la fois contre le soleil et le mauvais temps. On y trouvait aussi des distractions variées (bibliothèque du portique d'Octavie, carte du monde dans le portique Vipsania...); aux Saepta Julia avaient fréquemment lieu des représentations théâtrales, des auditions, des exhibitions, des combats de gladiateurs; un véritable bazar s'y était installé. Enfin, les portiques jouaient aussi le rôle de musées. Le premier rang à cet égard revient aux Portiques de Pompée, d'Octavie, de Philippe et des Saepta Julia.


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